Enfant, elle clamait en se projetant : « Je chanterai mieux que la Callas ! ». Si aujourd’hui Mathilde n’est pas devenue une diva d’opéra comme promis à elle-même, elle trace néanmoins un chemin à part dans la chanson. Voilà une artiste ultra-sensible, volontaire, pugnace, aux dons multiples : autrice, compositrice, interprète, qui pense ses arrangements, son image et ses prises de parole. Une sacrée personnalité, c’est dit.
La France a compris à qui elle avait affaire dès 2015, quand Mathilde a montré l’étendu de ses possibles à la télévision, à la faveur d’une « The Voice » expérience (saison 4). Semaine après semaine, elle y a donné une vision personnelle de chansons aussi différentes que « Dis, quand reviendras-tu ? » de Barbara, « Comme ils disent » de Charles Aznavour, ou encore « Diamonds » de Rihanna. Un spectre vaste comme que celui de ses influences musicales : formée au chant lyrique et au gospel, Mathilde a grandi en écoutant Mylène Farmer, Lady Gaga, Muse et Léo Ferré. Un voyage musical à l’image de sa vie nomade, qu’elle partage entre le Berry et son Paris natal.
Sept ans après son premier album, « Je les aime tous », un deuxième s’annonce : « La nuit · Le jour ». On y entend une voix qui s’épanouie et se surpasse dans les montées en puissance. On y entend le(s) cri(s) d’une femme aux engagements multiples, résolument du côté des invisibles, des oubliés de la société. Et une compositrice aux accents pop, capable de légèreté, apte à toucher tout le monde.
Mathilde chante l’amour tout en dégradés, avec ses nuances, ses pleins et ses déliés, dans son universalité. Les oubliées de Vénus (« Fleur fragile »), la dépendance des sentiments (« La nuit, le jour »), la crainte de l’engagement (« Ni oui ni non »), la fin de l’illusion (« Mon cœur »), la mort du frisson (« J’en ai marre de t’aimer »).
L’amour, cet engagement. Mathilde est connue pour être une femme sur le front, combattante infatigable, amazone des années 2000, tendre militante, une féministe génération #metoo. Ce combat s’entend un peu partout dans ce deuxième album (« Libre », « Il était une fille », « Le corps des femmes »), a fortiori au cœur des trois titres qui forment le triptyque des problématiques de la femme d’aujourd’hui – de tout temps. Tous ces thèmes terriblement actuels, atrocement nécessaires, que nous retrouvions déjà dans « A la gloire des femmes en deuil », « Martyre de la cause » et sa reprise de « L’hymne des femmes », écrite par ses grandes sœurs de combat en 1971.
Mathilde, à fond dans son époque, le cœur à gauche et l’âme écolo. Mathilde, à fond dans ses chansons, qui s’inscrit clairement dans une tradition, celles des grandes chanteuses populaires.